jeudi 19 novembre 2015

Vive la France !

Pour me rendre à la conférence annuelle de Passive House California, vendredi dernier, j'avais décidé de me rendre à Palo Alto en train. Quand je suis allé sur le site de Amtrak, l'équivalent de la SNCF locale, j'ai d'abord pensé que c'était une erreur : Le site indiquait 10h pour faire les 500km qui sépare Los Angeles de San Jose, la station la plus proche... et bien non c'était bien ça !

Voulant néanmoins tenter l'expérience (c'est cool d'avoir du temps !), j'avais donc réservé mon billet pour prendre le seul train de la journée qui faisait le trajet; Départ à 10h10.

Quand tu arrives à la gare de Los Angeles, à 15 minutes de la maison, ce qui surprend c'est le peu de gens; C'est presque aussi grand que la Gare de Lyon mais avec la même fréquentation que la Gare de Brive la Gaillarde !

Tu dois arriver 45 minutes avant, surtout que j'amenais mon vélo. Après avoir demandé à plusieurs personnes on nous indique un coin de la gare pour faire l'enregistrement du vélo qui doit voyager dans un carton approprié. Il y a une dizaine de personnes qui glandouillent, mais tu poireautes 10 minutes pendant qu'une grosse bonne femme, qui semble être la chef, se plaint qu'il y a trop de boulot... on se croirait en France ;-) Le vélo emballé dans son carton et enregistré, je vais au comptoir des enregistrements. Là, on me donne une carte d'embarquement pré-imprimée que la guichetière détache d'un carnet à souche; T'es en Californie, mais t'a l'impression d'avoir fait un voyage 40 ans en arrière ! C'est ça les US, le pays des contrastes (je suis sure que j'aurai l'occasion d'y revenir).

Mon train est affiché au quai numéro 10; Il est en poste 20 minutes avant l'heure du départ. Le train va jusqu'à Seattle, tout au nord de la côte Ouest à la frontière du Canada; Je n'ose pas imaginer le temps qu'il lui faudra pour arriver jusque là-bas en sachant que c'est trois fois plus loin que San Jose (32  heures après vérification). Bon, ils avancent sur un projet de train à grande vitesse entre Los Angeles et Sans Francisco... ouverture de la ligne en 2029 !

Je monte dans le train, en classe économique. Je trouve mon siège, à l'étage supérieur; J'ai bien plus de place qu'en première dans le TGV ou même qu'en classe business en avion. Le siège s'incline, j'ai un repose jambe, un repose pied et une tablette. En plus, vue le peu de monde je me retrouve avec le siège à côté vide. Bon, après quelques minutes on se rend compte que les sièges se sont un peu tassés et qu'on a fait des progrès en matière d'ergonomie ces 20 dernières années.

Les gens présents dans le train sont divisés en 2 catégories : des retraités venus pour la balade et des étudiants ou des gens fauchés qui bénéficie d'un billet 3 fois moins cher que l'avion (45$ pour San Jose)... et moi ;-)

Après qu'une annonce soit faite concernant un retard au départ de 5 minutes pour changer l'ampoule d'un phare (!) nous partons. Nous suivons la L.A. River et passons à proximité de Atwater Village où nous habitons; Je reconnais le restaurant Momed où nous allons manger de temps en temps et qui est au bord des voies. Au bout de 30 minutes, premier stop à l'aéroport de Burbank; Je me dis que je vais peut-être avoir un voisin ou une voisine, mais à peine 10 personnes montent et nous repartons après 5 minutes d'arrêt.

Je pars alors me balader dans le train; Il n'y a que 2 voitures comme la mienne. La classe économique (Coach) en haut et la classe business en bas. Il y a une voiture "lounge" où il y a des sièges qui font faces aux fenêtres sur une moitié du wagon et où il y a des tables sur l'autre moitié. Le toit de cette voiture est en partie vitré; On se croirait dans un bateau mouche. Après, il y a le wagon restaurant avec ses nappes blanches; Au-delà se sont les couchettes et les cabines privés.

Après environ 1 heure de trajet, nous commençons à longer la côte. Comme la plupart du temps ici, il fait beau et on a une vue magnifique sur la mer, les iles et les plate-formes pétrolière au large. Comme nous longeons la route je peux me rendre compte de notre vitesse; Même les gros camping cars qui se trainent sur la route nous doublent !

A Santa Barabara, la plupart des retraités descendent; ils sont venus passer quelques jours ici ou juste le déjeuner. L'arrêt dure ici un peu plus longtemps (la gare est plus grande) et nous repartons. Jusqu'à San Luis Obispo (je ne pense pas que ça ait un rapport avec le chanteur au même titre que je n'ai rien à voir avec la Ferté !), nous sommes littéralement les pieds dans l'eau. Plus de route entre la mer et la voie ferrée qui longe parfaitement la plage. J'en profite pour aller m'installer dans la voiture lounge avec le déjeuner que j'ai commandé un peu plus tôt et la bière que j'ai acheté au bar qui est en bas de la voiture lounge.

Pendant plus de 2 heures nous longeons la côte, la vue est superbe et il y a des coins vraiment sympas. Je regarde où nous sommes grâce à mon téléphone pour pouvoir y revenir pourquoi pas faire du camping. On est loin du TGV et de ses lignes à haute vitesse spécialement aménagées; c'est une autre façon de voyager quand on a du temps, enfin, vraiment du temps ! C'est un peu la version Américaine de l'Orient Express, en moins raffiné, mais aussi en beaucoup moins cher. Après la Slow Food, voilà le Slow Travel !

Arrivée à San Luis Obispo on s'arrête encore 20 minutes; j'en profite pour faire une pose clope et je m'aperçois qu'en queue de train il y a une voiture qui ressemble à celle des Mystères de l'Ouest. Après m'être renseigné il s'agit de voiture que l'on peut louer; On peut aussi accrocher a propre voiture privée !


La suite du voyage est moins passionnante à cause des paysages moins intéressants et de la nuit qui tombe. Une petite alerte où un des deux moteur lâche (c'est une micheline diesel) ce qui rend difficile l'ascension des collines qui séparent la côte que nous quittons de la plaine que nous rejoignons, malgré les lacets que fait la voie ferrée pour passer le col. Nous arrivons à San Jose à 20h35, soit 25 minutes en retard sur l'horaire; Je vais devoir attendre jusqu'à 21h30 le Caltrain qui m'emmènera à Palo Alto en 30 minutes.

Le lendemain, mon voisin de chambre prend sa douche à 5h30. C'est vrai qu'ici en général les gens commencent leur journée plus tôt. Du coût, je suis sur le pont à 6h30, mais les coffee shops n'ouvrent qu'à 7 heure, alors je me balade dans le centre de Palo Alto où est mon hôtel. C'est mignon, on voit qu'on est en Californie du Nord dans la Silicon Valley; Il y a des magasins designs, des fringues sympas, des magasins de vélo... et un immense magasin Apple qui ressemble à une église. A 6h45 tout est allumé, il y a même un mec dans le magasin. Par curiosité je pousse la porte qui est ouverte pour lui demander si le magasin est bien fermé; Oui, il n'ouvre qu'a 10h. Ouf, me voilà rassuré !

A 7 heure je peux enfin prendre mon petit-dej, avec un joli Café Latte et ensuite filer à la conférence.

C'est à la conférence, que vers 16h, j'apprends en regardant les alertes sur mon téléphone que des attentas se sont produits à Paris sans pour autant tout comprendre. Ca ne sera qu'en rentrant à l'hôtel, où Shelle m'a rejoint en voiture, que nous comprenons réellement ce qui c'est passé. La télé américaine parle de plus de 250 morts et je ne comprends rien des traductions simultanées en anglais où j'essaye d'écouter la personne qui parle derrière en Français. Avec mon téléphone je mets France Info et je regarde le site du Monde où nous avons les infos en direct. Un peu hagard, nous allons nous poser à une terrasse pour noyer notre désespoir dans l'alcool. Comme Charlie l'écrira quelques jours plus tard : "Ils ont les armes, on les emmerde, on à le Champagne".

La semaine dernière c'était l'anniversaire de Guennadi; Il a eu 10 ans ! Nous avions invité une dizaine de ses copains d'école et j'avais accroché au portail le drapeau Français que Papé m'avait offert avec la panoplie du parfait supporter pour la coupe du monde 2010 et que je n'avais jamais sorti de son emballage. Depuis que nous avons reçu nos affaires ce drapeau flotte au fronton de la maison. Ici ils ont tous des drapeaux Américains, moi j'ai mis mon drapeau Français ! Un truc, qui comme j'en discuté avec un papa venu amener son fils, je n'aurai jamais envisagé faire en France où le FN a phagocyté la signification du drapeau et où nous l'avons laissé faire. C'est décidé de retour en France je mettrai notre drapeau sur notre maison !

Tout ça pour dire qu'à l'approche des élections régionales en France il ne faut pas que le FN soit perçu encore une fois comme une réponse facile aux problèmes. J'espère aussi que la COP21 qui va se dérouler dans quelques jours à Paris ne partira pas trop non plus des attentats, surtout que notre dépendance actuelle au pétrole n'est pas étrangère à la situation - Voir les articles sur la page Facebook du Shift Project. Rien ne sera résolu en cherchant des bouc émissaires dans notre société.

Pour revenir à Palo Alto, et aux maisons passives, qui elles aussi contribuent à limiter la dépendance aux énergies fossiles, samedi dernier était organisé, en marge de la conférence, un tour en vélo des maisons passives de la ville. En effet, Palo Alto est l'une des villes les plus fournies en maisons passives; Il faut dire que vu le prix des baraques (A moins de 3M$ t'a rien !) qu'est ce que quelques centaines de milliers de Dollars de plus pour rendre une maison énergétiquement performante. C'est au moins ça le truc bien dans la Silicon Valley où, avec leurs millions de Dollars, pas mal de cadres des leaders de l'internet et du high-tech investissent dans des solutions pour polluer de moins en moins. 


Pour finir, que ce soit au volley sur la plage, dans les magasins, à l'école ou dès que j'ouvre la bouche (!) les marques de sympathie et de soutien à la France et à sa population sont omniprésents; Nous vous les transmettons. Vive la France !